La retraite : le crédit social que l’Occident refuse de nommer

Posté le Dec 13, 2025

La retraite cette laisse

Introduction — La laisse la plus longue de l’histoire

On nous l’a vendue comme une conquête sociale. En réalité, la retraite est l’un des dispositifs de contrôle les plus sophistiqués jamais inventés. Invisible, lent, présenté comme protecteur, il conditionne quarante années de vie active par la promesse d’une survie future. La Chine appelle cela un crédit social. L’Occident préfère parler de solidarité.

Même logique. Autre vocabulaire.


1. Le crédit social : définition minimale

Un crédit social n’est pas d’abord une application mobile ou une note numérique. C’est un système dans lequel l’accès futur aux ressources vitales dépend du comportement passé conforme aux normes du pouvoir.

Peu importe que le score soit explicite ou implicite. Peu importe qu’il soit affiché ou bureaucratisé.

Ce qui compte, c’est la structure :

Obéis aujourd’hui, tu mangeras demain.


2. La retraite comme score social différé

La retraite fonctionne exactement sur ce modèle.

Ton « score » n’est pas un nombre public, mais :

  • un relevé de carrière,
  • un nombre de trimestres validés,
  • un montant de pension conditionné à ta trajectoire salariale.

Chaque écart à la norme est pénalisé :

  • discontinuité,
  • autonomie,
  • entrepreneuriat instable,
  • travail hors système,
  • priorité donnée à la famille plutôt qu’au salariat.

Le message est clair :

Une vie non conforme se paie à la vieillesse.


3. La retraite ne récompense pas l’utilité réelle

Le système ne récompense ni :

  • le fait d’avoir élevé des enfants (futurs cotisants),
  • la transmission,
  • le soin aux anciens,
  • la contribution communautaire,
  • la création hors marché.

Il récompense une chose et une seule :

la conformité durable au salariat déclaré et centralisé.

La retraite n’est pas un droit : c’est un bonus de loyauté.


4. Bio-pouvoir et domestication douce

Michel Foucault parlait de bio-pouvoir : le moment où l’État cesse de punir les corps pour les gérer, les optimiser, les administrer comme une population.

La retraite est l’aboutissement logique de ce processus :

  • elle fixe l’âge où tu deviens inutile,
  • elle organise ta mise à l’écart,
  • elle te maintient sous perfusion économique pour éviter toute révolte.

Le retraité n’est pas libre. Il est neutralisé.


La retraite ce communisme

5. Un héritage communiste dissimulé — noms, dates, responsabilités

La retraite française n’est pas une abstraction morale. Elle a des architectes, des textes, et une filiation idéologique précise.

Les noms

  • Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français (PCF), vice‑président du Conseil en 1946, est l’un des principaux promoteurs politiques de la Sécurité sociale et du régime général.
  • Ambroise Croizat, ministre du Travail (PCF), est l’artisan opérationnel de la Sécurité sociale. Il assume explicitement une vision centralisée, étatique et collectiviste de la protection sociale.

Croizat ne parlait pas de « famille » ou de « communautés ». Il parlait d’unification, de gestion nationale, de droits administrés.

Les textes

  • Ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 : fondation du régime général de Sécurité sociale.
  • Principe clé : répartition obligatoire, monopole public, disparition des solidarités concurrentes.

La matrice idéologique

Le Conseil national de la Résistance (CNR), souvent sanctuarisé, est en réalité un compromis dominé intellectuellement par la gauche communiste de l’époque :

  • méfiance envers les corps intermédiaires autonomes,
  • volonté d’arracher l’individu à ses dépendances naturelles (famille, métier, territoire),
  • remplacement par une dépendance unique : l’État.

La retraite par répartition repose sur une idée profondément communiste :

Tu ne possèdes rien directement. L’État collecte, redistribue, et décide de ton droit à subsister.

Ce n’est pas de la solidarité organique. C’est de la planification biographique.


6. Chine vs Occident : même matrice, autre stade

La Chine n’a rien inventé. Elle a simplement poussé à son terme logique la même matrice idéologique.

En Chine :

« Si tu désobéis, tu perds des points. »

En France :

« Si tu désobéis pendant quarante ans, tu perds ta vieillesse. »

La différence n’est pas de nature, mais de degré et de visibilité.

Le communisme occidental est lent, bureaucratique, moral, là où le communisme chinois est rapide, technologique, assumé.

Mais la logique est identique :

  • un individu déraciné,
  • une famille neutralisée,
  • un futur conditionné,
  • une dépendance totale à l’autorité centrale.

Le crédit social chinois est la version 2.0 de ce que la retraite occidentale fait depuis des décennies.


6. Des familles rendues inutiles

Avant l’État-providence, la vieillesse était une affaire familiale.

Aujourd’hui :

  • les enfants ne protègent plus les parents,
  • les parents ne dépendent plus de leur lignée,
  • tout le monde dépend d’une entité abstraite.

La retraite n’a pas seulement remplacé la famille. Elle l’a rendue structurellement superflue.


7. Contre‑objection anticipée — « Ce n’est pas du communisme, c’est de la solidarité »

C’est l’objection réflexe. Elle confond volontairement solidarité organique et redistribution administrative.

La solidarité réelle est locale, incarnée, réversible :

  • elle repose sur des personnes identifiables,
  • elle implique réciprocité et responsabilité,
  • elle ne conditionne pas la survie à l’obéissance bureaucratique.

La retraite par répartition fait exactement l’inverse :

  • elle déracine la solidarité (anonyme, nationale, abstraite),
  • elle déresponsabilise (nul ne sait qui il soutient, ni pourquoi),
  • elle conditionne l’accès aux ressources vitales à une conformité mesurée.

Appeler cela « solidarité » relève de l’euphémisme idéologique.

La preuve par l’absurde est simple :

  • une mère de famille qui a élevé quatre futurs cotisants mais a sacrifié sa carrière est pénalisée ;
  • un cadre hyper‑conforme, sans enfants, sans transmission, sans ancrage, est récompensé.

Ce que le système valorise n’est pas la solidarité.

Il valorise l’obéissance mesurable.


8. Section tabou — Pourquoi cet héritage est intouchable

Il existe en France un angle mort absolu du débat public : l’origine idéologique réelle de la retraite.

Ce tabou ne tient pas au hasard. Il tient à trois mécanismes verrouillés.

1. Le mythe sacré de 1945

1945 est présenté comme un moment quasi théologique :

  • la Libération,
  • la morale retrouvée,
  • la République sociale.

Toute critique d’un dispositif issu de cette période est immédiatement disqualifiée comme :

  • réactionnaire,
  • antisociale,
  • historiquement suspecte.

Remettre en cause la retraite, ce n’est pas discuter une politique.

C’est blasphémer contre un mythe fondateur.

2. L’amalgame volontaire : critiquer le système = attaquer les retraités

Le débat est verrouillé par un chantage moral permanent.

Critiquer la retraite comme dispositif de pouvoir, c’est être accusé de vouloir :

  • affamer les anciens,
  • briser la solidarité,
  • détruire les « acquis sociaux ».

Cet amalgame est délibéré.

Il empêche toute analyse structurelle et protège le système derrière ceux qu’il rend dépendants.

3. L’impossibilité pour la gauche de se regarder dans le miroir

Reconnaître que la retraite est un héritage communiste poserait un problème insoluble à la gauche morale :

  • elle dénonce le crédit social chinois,
  • elle critique les régimes autoritaires,
  • tout en administrant déjà la vie entière des individus.

Admettre cela obligerait à reconnaître que :

le contrôle peut se faire au nom du bien, de la protection et de la justice.

C’est précisément ce que le discours dominant refuse de penser.


9. Accusation frontale — La gauche morale vit sur une infrastructure communiste qu’elle nie

La gauche contemporaine se drape dans les droits, l’humanisme et la morale. Mais elle continue d’administrer, sans l’assumer, une infrastructure communiste héritée de l’après‑guerre.

Elle a abandonné le discours révolutionnaire, mais conservé les dispositifs de contrôle :

  • centralisation des flux,
  • dépendance organisée,
  • neutralisation des structures autonomes (famille, communautés, propriété productive).

Elle dénonce le crédit social chinois tout en gérant déjà la vie entière de ses citoyens :

  • naissance (allocations),
  • sexualité et santé (normes, protocoles),
  • travail (cotisations, trajectoires),
  • vieillesse (retraite conditionnelle).

Cette gauche ne protège pas les faibles.

Elle protège le système qui les rend dépendants.

La retraite est son totem :

  • intouchable,
  • sacralisé,
  • moralement blindé.

Le critiquer, c’est sortir du champ du débat autorisé.

C’est précisément pour cela qu’il faut le nommer pour ce qu’il est :

un dispositif de pouvoir communiste recyclé en vertu sociale.


Conclusion — Le chantage tranquille

La retraite est un chantage à bas bruit :

Donne‑nous ta vie active, nous t’accorderons le droit de vieillir.

Ce n’est pas de la solidarité. C’est une laisse très longue, tendue dès l’entrée dans la vie adulte.

Un crédit social étalé sur quarante ans.

Et comme tous les crédits sociaux, il fabrique exactement ce qu’il prétend protéger :

une population docile, dépendante et chroniquement apeurée de sortir du rang.