Mrsam Video Critique Raoult
Il m’a été proposé de visionner cette vidéo, comme modèle à quoi penser dans ce drame de la Chloroquine. J’ai bien essayé, mais j’avoue que je n’ai pas pu aller jusqu’au bout.
Pour vous évitez bien des peines, voici une critique de l’introduction. Je laisse le soin au lecteur de procéder par itération avec la suite. Je n’ai pas envie d’écrire un ouvrage, mais un simple article déjà bien dense et long.
Je vous souhaite bonne lecture.
Critique
Le titre Chloroquine: Professeur Raoult, la Désillusion:
Toute narration repose sur un décor. Le décor est le contexte posant la frontière encadrant la liberté de la pensée, restreignant le champs des possibles à ce que le décor impose.
Ici, le mot désillusion
est tout sauf anodin et relève d’un choix de guider l’audience sur un terrain non scientifique.
Ce mot place la réflexion dans le champ de la prestigiditation, et non de la Science.
Le professeur Raoult, par cette association, n’est plus consideré comme un scientifique, mais un magicien, un illusioniste. Or un magicien est-il scientifique ? De manière évidente la magie évoquant les spectacles de rue, les conteurs d’histoire, les barratineurs de foire, les manipulateurs, sans parler des l’irrationnalité des pouvoirs magiques, il s’agit de subtilement sortir du champ de la Science, pour entrer de plein pied dans le champ du spectacle, du factice, et pourquoi pas de la tromperie au sujet du professeur Raoult.
L’utilisation de ce mot a l’effet bénéfique de placer moralement, éthiquement, et hiérarchiquement l’auteur de la vidéo. Celui qui désillusionne ne peut qu’être que bon, altruiste, puisque rendant service à son prochain, en le sauvant de l’illusion. C’est un sauveur. Et plus même. C’est un connaisseur. Il connait le secret de l’illusion, donc il se substitue au magicien, reprenant à sa charge le pouvoir qu’aurait pu avoir l’illusioniste sur sa foule sidérée.
Il s’agit donc, rien que dans le titre, que d’une opération de susbstitution, plaçant l’auteur dans la posture de grand scientifique, injustement associée au professeur Raoult l’usurpateur.
Le titre est déjà un braquage mental. Le fait même d’utiliser le mot désillusion
, place hors champ scientifique toute la démonstration qui suivra, ce qui en somme la disqualifie d’office.
Il aurait pu être question de:
- d’erreur scientifique,
- d’imposture intellectuelle,
- critique raisonnée,
- …
Mais non.
Le procédé ici et tout au long de la vidéo est de jouer sur l’effet suggestif des mots. La suggestion, renvoyant l’auditeur à sa propre subjectivité, il s’agit de remémorer les experiences antécédentes des auditeurs validant de manière approximative le propos actuel de l’auteur.
C’est la base même du discours politique, du marketing, de la science du communicant, et du spectacle. Un des nombreux héritages de l’oeuvre éponyme de Milton Erickson dans le domaine de l’hypnose.
Voici le texte d’introduction à la vidéo que l’auteur récite dans son salon:
Salut Internet, depuis toujours nous chérissons les Héros, les histoires de David contre Goliath, de Galilée contre l’obscurantisme, les histoires d’hommes se dressant seuls face à des menaces infiniment plus grandes que lui, nous avons rendu ces fantasmes aussi réel que possibles avec le cinéma, le jeu vidéo, mais aussi dans une certaine mesure dans l’Histoire avec un grand H. Histoire pour laquel, fort heureusement nous sommes devenus bien moins dupe que par le passé. Bien moins dupe car la réalité empirique se moque complétement de nos désirs de nos fantasmes, de notre logique du happy end époustoufflant dont hollywood est devenu le maitre compteur. Mais nous avons tous, vous, moi, n’importe qui une envie pressante que ces récits soient la réalité. Et c’est pour cette raison-ci, quand un tel scenario se présente et prétend être la réalité qu’il faut redoubler voir tripler de prudence, il faut réussir à s’extraire à ce que l’on voudrait que soit la réalité, […] ne pas confirmer notre fantasme, notre envie, mais vérifier s’il n’y pas plutôt des erreurs, des erreurs susceptibles de nous décevoir, des erreurs susceptibles de nous ramener brutalement sur terre, cette bonne vieille terre qui est toujours- je dis bien toujours- beaucoup complexe, plus subtile que ce que l’on s’imagine
Cette introduction est un cas d’école de la haute manipulation oeuvrant dans cette vidéo.
Le premier objectif est de renforcer l’effet du titre. Celles et ceux ayant été trompés par le titre peuvent encore s’échapper, réaliser la tromperie par une compréhension de celle-ci, révélée par l’usage d’un mot inadapté à la situation.
Dés lors, quoi de mieux que de rassembler, pour lutter contre une potentielle fracture de l’auditoire.
Ici, l’auteur fait appel à une généralité tautologique (ad populum pour les zététiciens): nous avons tous cru au père Noël. Ce qui est majoritairement vrai, un sophisme. Dés lors nous sommes tous concerné par ce qui va suivre, telle est la suggestion illogique et hypnotique en découlant.
Ce n’est pas parce que j’ai mangé des frites hier, que j’en mange aujourd’hui. Ce n’est pas parce que j’ai eu le désir satisfait d’avoir mangé des frites hier, que j’ai ai toujours ce désir aujourd’hui. Ce n’est pas parce qu’on m’a raconté que toute l’école a eu beaucoup de plaisir à manger des frites hier à la cantine, que je vais avoir envie d’en manger aujourd’hui.
Bref, ce n’est pas parce que j’ai mangé des frites un jour, que je crois encore au père Noël.
Par contre, il est vrai, je confesse, que j’aime bien me détendre le cerveau devant un Marvel ou le dernier Star War. Difficile et périlleux toutefois, vue la quantité de suggestions, et d’injonctions hypnotiques promouvant l’idéologie totalitaire progressiste d’Hollywood, déversées à dose industrielle à la minute.
Bref.
Il y a deux mots importants dans la première phase de l’introduction: “chérissons” et “dupe”; illustrant de nouveau un procédé de substitution.
La substitution du champ affectif et émotionel évoqué par le verbe chérir, vers le champ de la rationnalité suggerée par l’usage du mot dupe.
Par définition n’est dupé que le naïf, le crédule. Qui n’est pas dupe, n’est pas naïf, n’est pas crédule. Sous entendu: il est donc rationnel. Il est donc supérieur. Il possède la Raison Pure, celle qui fait le tri entre les bons et les mauvais.
Par ailleurs, l’auteur dénonce une cristalisation émotionelle qu’il attribue à la naïveté des gens, alors qu’il est l’instigateur principal de cette cristalisation par sa prise véhémente de position. Non content de dénoncer un maux qu’il a lui même crée, il vend le remède dans sa vidéo. Cela ne rappelle-t-il pas les méthodes de charlatans ? N’y a-t-il pas plus charlatan que le tartuffe ? Je vous laisse juger.
Si nous avions laissé faire la Science. Sous entendu si nous (ignorants émotifs) avions laissé faire les tartuffes peuplants la Science, usant de leur privilèges, de leur auras, de leurs positions, pour avantager leurs idées, leurs financeurs, leurs lubies (ou lobby on ne sait plus trop). Il n’y aurait pas eu cristalisation, ni débat. L’affaire aurait été entendue. Un expert passe à la télé, pour prononcer l’oraison funèbre du professeur Raoult, qui n’aurait pas démérité d’un petit hommage posthume hypocrite. L’affaire étouffée, pas d’affaire.
Il en résulte une confusion: Dans quel champ nous situons-nous ? Le titre nous plaçant dans le champ du spectacle, nous nous retrouvons déplacé à nouveau dans le champ de la raison. Ou peut-être la raison spectacle (l’intersection des deux champs), ou le spectacle de la raison, je crois qu’on tient quelque chose ici. L’auteur est un acteur, et il joue son texte. Il n’est qu’un instrument dans la main de la Science. Il n’est que son porte parole. Et c’est peut être tout. L’analogie avec le prêtre qui n’est que l’intermédiaire officiant le miracle de la transsubstanciation du Christ dans l’ostie est bien réelle. L’auteur n’est qu’un clerc, du clergé protecteur du dogme du Nombre.
Confusionisme quand tu nous tiens, voyons jusqu’où tu peux aller ? Voyons comment cela se découvre enfin dans la suite de l’introduction.
Attachons nous maintenant à aller au plus profond du sujet. Comment l’auteur emascule ? Comment l’auteur efface, occulte le fondement même de la discorde ? Qui de facto ne réapparaîtra plus dans sa démonstration qui suivra. Ce qu’on ne voit pas n’existe pas. Ce que l’on a effacé n’existe plus. Ce que l’on a ignoré est insignifiant. Il s’agit, dans cette opération, de communication de tuer l’intelligence et de soumettre l’esprit à la dictature du Nombre. Rien que cela.
Le risque, posé par le professeur Raoult, ne concerne pas les malades. Certainement pas. Il concerne le pouvoir. Cela est très bien démontré dans l’oeuvre magistrale “La tête coupée” de Mr Upinsky. Je cite page 209:
Le pouvoir Intellectuel Pour le réaliste, c’est la réalité qui fait la connaissance; pour le nominaliste c’est la science qui faconne la réalité. Nous venons de constater que, dans tous les domaines, il y a deux points de vues, deux manières opposées de comprendre le monde: la science nominaliste, et la connaissance réaliste. La ligne de fracture qui oppose ces deux approches, divise l’histoire du monde en deux grandes familles d’hommes, d’oeuvres, et de civilisations. Cette opposition essentielle est symbolisée par la fameuse fresque de l’école d’Athènes au Vatican. Raphaël(1493-1520) y représente, au milieu du tableau -engagés dans une confrontation suprême, parmi les plus grands philosophes et savants de l’antique Grèce- Platon, champion du langage mathématique, le doigt pointé vers le ciel des idées abstraites, et Aristote, père du langage de la nature, le doigt tourné vers la terre des réalités. […] En remontant au fil du temps, on peut regrouper les membres des deux camps. D’un coté, Pythagore, Platon, Euclide, Roscelin, Abélard, Occam, Machiavel, Galilée, Descartes, Fénelon, Spinoza, Newton, Locke, Montesquieu, Rousseau, Kant, Hegel, Comte, Darwin, Picasso, etc. De l’autre, Homère, Aristote et Isocrate, Anselme, Bernard de Cîtaux, Pascal, Molière, La Fontaine, Bossuet, Pasteur, Poincaré, Bergson, Simone Weil, etc.
Ce que démontre Mr Upinsky dans son oeuvre, c’est que le camp nominaliste a pris le pouvoir depuis la révolution française. Dominant les réalistes, voir empêchant l’emergence de tout réalisme en trépannant l’esprit, en coupant la tête, et en chassant toutes celles et ceux qui auraient encore une étincelle d’intelligence après tout ce programme. Les dominants sont ceux dont la science façonne la réalité, la construit, la limite à l’expressivité d’une formule mathématique. L’efficacité du quantifiable en opposition à la finesse du qualitatif.
Voyons dés lors comment un clerc du camp nominaliste procède.
Premièrement il s’agit d’identifier le réalisme.
L’auteur, à la première utilisation du mot réalité
l’associe directement à empirique
, je cite:
“Bien moins dupe car la réalité empirique se moque complétement de nos désirs de nos fantasmes, de notre logique du happy end époustoufflant dont hollywood est devenu le maitre compteur. Mais nous avons tous, vous, moi, n’importe qui une envie pressante que ces récits soient la réalité”.
Le mot “réalité” n’est-il pas auto-suffisant ? Non. Pourquoi ? Très simplement car l’auteur ne veut surtout pas que le réaliste - c’est à dire son audience ayant l’intuition juste que la démarche pratique du professeur Raoult est humaine, donc réaliste- il ne veut surtout pas lui laisser la liberté d’observer le conflit réel. Celui opposant les nominalistes au pouvoir, et les réalistes qui agissent.
Donc par l’usage unique de cette association “réalité empirique” et précédent toutes les autres énonciations du mots “réalité”, il prend en otage l’empirisme, méthode réaliste de récolter la connaissance par l’observation de la réalite. Pour lui substituer ainsi l’autre réalité, celle qui n’est jamais nommée, mais fortement sous-entendue, la réalité nominaliste, subterfuge mécanique du pouvoir.
Ensuite vient une entourloupe de première, attardons nous quelques instants sur la signification de ces mots: “n’importe qui a une envie pressante que ces récits soient la réalité”. Pour les réalistes, la connaissance est tirée de l’observation de la réalité. Pour les nominalistes la réalité est une construction scientifique. Il faut être donc nominaliste pour avoir l’envie pressante qu’un récit deviennent réalité. L’auteur se moque donc des Réalistes en les associants au fantasme des Nominalistes dont il est l’avant garde chargé de la propagande. Il disqualifie les Réalistes n’ayant jamais fantasmé un récit pour construire une réalité, en retournant le biais intellectuel des Nominalistes, contre les Réalistes. Une manière de censurer toute critique constructive de la part des Réalistes, et d’étouffer tout conflit qui aurait pu mettre en lumière cette division intellectuelle profonde.
Maintenant passons au tour de passe passe suivant, je cite:
“Et c’est pour cette raison-ci, quand un tel scenario se présente et prétend être la réalité qu’il faut redoubler voir tripler de prudence, il faut réussir à s’extraire à ce que l’on voudrait que soit la réalité, […] ne pas confirmer notre fantasme, notre envie, mais vérifier s’il n’y pas plutôt des erreurs, des erreurs susceptibles de nous décevoir, des erreurs susceptibles de nous ramener brutalement sur terre, cette bonne vieille terre qui est toujours- je dis bien toujours- beaucoup complexe, plus subtile que ce que l’on s’imagine”
Partons de la dernière partie: “cette bonne vieille terre qui est toujours[…] beaucoup plus complexe, plus subtile que ce que l’on s’imagine”. Quel aveu d’impuissance de la méthode nominaliste à façonner la réalité. Le réductionnisme scientifique est un échec permanent dans la modélisation du complexe, et du subtile.
Par définition la démarche quantitative catégorise, uniformise, normalise, standardise. Elle subsitue la qualité de chaque homme, à la réduction quantifiable de l'individu
. Elle gomme les spécificités propres à chacun au profit d’une moyenne stérile.
Par essence la démarche quantitative réduit les hommes à ce qui est générique, elle hait les exceptions, car elles mettent en évidence l’imperfection des modèles prédictifs de la démarche quantitative. Le réductionnisme scientifique voulant construire le monde, est un échec permanent face à la complexité incommensurable de la Réalité.
Quid donc, de la qualité, de l’homme, de la souffrance, de la mort, de la relation humaine s’établissant entre un médecin et son patient. Si la médecine est un sacerdoce, c’est que le médecin n’est pas soumis au rôle d’abruti prescripteur de molécules validées par les méthodes quantitatives du nombre. C’est à dire validées par les tartuffes nominalistes de la science, imposant par ce procédé leur domination sur le qualitatif.
Ce que l’on reproche au professeur Raoult, ce n’est pas d’être médecin. C’est de s’affranchir des fourches caudines de la science nominaliste, de porter un coup potentiellement fatal au pouvoir que les tartuffes excercent de manière exclusive depuis la révolution francaise. Et au final de rescussiter un champ de bataille que les tartuffes croyaient en avoir obtenu jusqu’à l’oubli le plus profond chez les dominés qu’ils gèrent.
Non, non et trois fois non. La division entre les réalistes et les nominalistes n’a jamais été plus d’actualité qu’aujourd’hui.
La technique quantitative de la gestion de la stabulation française, dont les effets les plus retentissants sont la pénurie de masque, la pénurie de gel, le confinement, le délabrement des infrastructures médicales soumises à la dictature du Nombre, c’est à dire l’économie et la rentabilité, porte véritablement la responsabilité meurtrière des milliers de morts injustes, horribles et véritables que cet épisode viral révèle à la vue de tous.
La réalité redevient observable sans les artifices de l’équation mathématique.
Cette réalité des EPHAD
Tout ce que le système comptable a voulu cacher, tous les caches misères, erzats par essence, éclatent à la figure du peuple. Remettant profondément en cause la légitimité du pouvoir, celui du camp nominaliste.
A cela, l’attitude pragmatique et empirique du professeur Raoult n’est que réalisme. Et ses détracteurs ne pensent pas un instant qu’il puisse les sauver de leur propres désastres. Non, ils l’attaquent en meute, sans relâche, car ses publications ne respectent pas les canons imposés. Comme si l’action bien réelle du professeur et de ses équipes n’était réduite qu’à quelques feuilles imprimées et de tableaux de chiffres. Tout le drame est là, et l’introduction de cette vidéo illustre bien les méthodes du tartuffe nominaliste.
Si vous voulez encore plus souffrir je vous laisse le soin de continuer les 19 minutes restantes. Mais soyons réalistes, je doute que vous le vouliez.