Les Anti Services

Posté on Apr 2, 2023

Les anti-services ou la nouvelle économie

Le Mensonge du sens

Partout nous entendons que notre économie se base sur les services, assomant ainsi que les services sont l’étape d’après de l’ère industrielle.

Nous sommes inondés de service en tout genre pénétrant l’intimité la plus profonde de notre nature.

Or l’économie du service est profondement disfonctionnelle dans ses fondements même au point de constituer une rupture anthropologique, au regard de ce qui constitue depuis l’aube des temps une transaction commerciale.

Le business étrange des Assurances

Les assurances sont une activité économique particulière où il s’agit de vendre une compensation financière face à un risque hypothétique contre le paiement d’une somme d’argent récurrente.

Le client d’une assurance paie, pour bien souvent ne jamais bénéficier de ce pour quoi il paye. Le risque étant aléatoire, un sinistre c’est comme un tirage au loto. Donc il paie “au cas ou”.

Le premier point est donc que l’assure n’obtient pas immédiatement et materiellement ce pour quoi il a payé. Personne n’imagine aller dans une boulangerie, payer pour des baguettes, et sortir les mains vides.

Pourtant tout le monde soucrit une assurance pour se protéger d’un risque hypothétique.

Par ailleurs, selon le type d’assurance, le sentiment de se sentir protéger est nocif au business: l’assuré se sentant couvert des conséquences de ses actes, il peut adopter des comportements à risques plus élevés et donc coûte plus cher en reparation de sinistre qu’il provoque que ce qu’il a payé depuis la souscription du contrat.

Dans la première moitié du 20ième siecle quelques faillites retentissantes d’assureurs ont profondement marqué l’économie.

Dès lors, une révolution profonde a eu lieu dans la deuxième moitié du 20ième siècle, changeant radicalement le sens même des notions de contrat et de transaction commerciale.

Il fallait absolument trouver des solutions efficaces pour que le contractant ne consomme pas ce qu’il a payé.

Des économistes se sont mis au travail, développant ainsi plusieurs théories, comme celle de l’incitation, rompant avec le paradigme classique de l’homo-economicus rationnel, pour instaurer des paradigmes interventionnistes, c’est a dire comment pour une des deux parties d’un acte marchand, d’influencer sur l’autre partie.

Pour l’assureur, comment faire que l’assuré se comporte comme un non assuré.

Dés lors, les assurances sont devenues les pionniers des anti-services.

C’est a dire vendre un service tout en utilisant l’argent du client pour forcer le client a ne pas consommer son service.

Cela maximise les entrées d’argent pour un assureur, tout en minimisant les sorties d’argent.

En cela la théorie de l’incitation, et tout un tas de travaux de recherche connexes révolutionnent les fondements du rapport social d’achat-vente.

Au contraire de la boulangère, un assureur n’a aucun interêt à avoir une bonne réputation. Il devra créer un sentiment qu’il couvre mal les sinistres pour instiller la peur du sinistre chez l’assuré, et donc faire que celui-ci se comporte finalement comme un non assuré (qui lui seul est face aux conséquences d’un sinitre).

C’est à ce moment là que le business de l’assurance devient un anti-service.

C’est à dire payer un professionnel, qui fera tout avec l’argent que vous lui payez pour que vous ne bénéficiez pas de ce pour quoi vous avez payé.

Notez d’ailleurs que cela n’est possible que pour des services, dans des transactions ne mettant pas en jeu des biens matériels.

Quand on achète une baguette, il serait surprenant que la boulangère fasse tout pour que vous ne reveniez pas. Ce n’est pas dans son interêt.

L’assureur lui le fait sans scrupules, moins vous avez l’impression de pouvoir être couvert en cas de sinistre, moins vous coutez à l’assureur et plus il dégage de bénéfices.

Donc l’assureur n’a aucun interêt à redorer son image. Au contraire plus les gens râlent contre les assurances, plus les ragots et les histoires tragiques se propagent dans la population, plus la peur se diffuse, plus les gens s’auto-disciplinent et plus les assureurs s’enrichissent car moins ils ont à dépenser.

Est-ce que cela ne vous rappelle rien de récent ?

L’anti-service à la conquête du monde

Est-ce-que ce nouveau paradigme économique peut s’appliquer à d’autres domaines ?

Oui!

Pensez très fort et essayez de comprendre !

La santé

Quand on se plonge dans les arcannes de LegiFrance, on tombe sur le projet de loi relative à l’assurance maladie datant d’aout 2004.

Ayant vécu ma jeunesse avant ce millénaire, il n’était question que de “sécurité sociale”, or ce mot a disparu du champ médiatique et seuls les plus anciens s’en souviennent.

Depuis 2004, les mots “sécurité sociale” disparaissent, l’administration même se renommant officiellement “Assurance Maladie”.

Ce qui était le fruit d’une lutte sociale radicale, et une fierté de notre état à s’occuper de la santé des francais en dehors des considérations de profit, a subitement en 2004 changé de paradigme par ce changement de nom.

L’état adopte le paradigme du business de l’assureur privé pour la santé, entrant de plein pied dans l’anti-service. Devenant ainsi un assureur privé, avec le bénéfice du monopole d’état.

Dés lors, l’état s’evertue en bon assureur qu’il est, de tout faire pour que les assurés ne jouissent pas de ce pour quoi ils payent (les cotisations sociales), au même titre qu’un vulgaire assureur auto.

Lorsque l’on comprend ce qu’est un anti-service, les ressorts d’incitation, de persuasion, de manipulation mis en oeuvre pour repousser le client à ne jamais bénéficier de ce pour quoi il paie, on comprend toute la dérive du monde médicale.

Tout est fait pour repousser le patient, pour que de lui même il ne cherche pas à consommer le service qu’il paie chaque mois.

La maronnier du trou de la sécu, les crises saisonnières de l’hôpital saturé, le manque d’entretien des infractructures, le délabrement des batiments, la disparition du lien medecin-patient, les scandales multiples des prescriptions abusives, les déserts médicaux, et tout dernièrement l’épisode comique du covid19 prennent sens.

Tout ceci concoure à créer de la friction, un puissant courant contraire, repoussant le citoyen assuré, loin, très loin du service contractualisé pour que l’état dépense le moins possible pour lui.

Comme un assureur lambda.

Et la mascarade prospère grâce à plusieurs facteurs:

  • la répétition assomante de la supposée supériorité du système de santé français
  • la mise en place de sas de décompression

Dans la pratique l’assuré medical est hypnotisé par le mythe des luttes sociales et des acquis sociaux. Le gardant captif du monopole d’état.

Ensuite l’état laisse prospérer les médecines alternatives servant esentiellement à renforcer encore plus l’effet repoussoir, en augmentant le nombre de gens ne sollicitant pas la médecine institutionnelle, tout en désamorçant toute réaction radicale qu’une victime lésée aurait naturellement. Ce que l’état nomme justement la résilience.

Il est aisé de remarquer l’explosion des medecines alternatives par le biais de leur promotions permanentes dans les medias (en particulier les journaux feminins).

La montée en puisance du phénomène bio, de la santé naturelle, et l’invasion du champ médical par un retour des charlatans et des superstitions les plus idiotes se positionnant comme des alternatives, n’a pu se faire que parce que la sécurité sociale est devenue l’assurance maladie, c’est à dire un anti-service.

Et gardez à l’esprit que les industriels derrières la santé institutionnelle sont les mêmes que dans la santé alternative. Ils profitent sur tous les fronts.

L’instruction

Un autre domaine régalien a adopté la doctrine l’anti-service: l’éducation nationale.

De manière plus subtile, puisqu’il s’agit de créer une insatisfaction de la qualité du service pour que prospère la privatisation de l’éducation, au profit des industriels du diplôme.

Moins l’élève apprend à l’école, plus les conditions materielles, sociales, relationnelles se dégradent au sein des établissement scolaires que tout citoyen finance par ses impôts, plus les alternatives privées prospèrent.

Il s’agit donc d’une double sanction economique pour le citoyen, qui se voit forcer de financer par ses impôts sans possibilité de rendre des comptes l’école publique, pour devoir s’il a un minimum de conscience et d’intérêt pour le futur de sa progéniture, payer des cours du soir auprès d’établissement privés.

Ce qui était anecdotique jusqu’encore les années 90, est devenu une condition quasi nécéssaire pour la réussite aux diplômes d’état et du cursus scolaire.

L’éducation nationale est devenue incapable d’instruire les enfants, se contentant d’être une garderie permettant aux parents de travailler (ca fait un peu cher la nounou gauchiste). Pour ensuite syphonner le fruit du travail parental en mettant ceux-ci dans l’obligation de payer des services privés de soutien scolaire pour que leur enfants puissent passer leur bac.

Par ailleurs le phénomène s’auto-entretien, puisque les salaires et les conditions de travail dans ces entreprises privées sont souvent plus attractifs que ce que peut offrir l’état. Attirant donc les meilleurs profils de professeurs, diminuant de facto la qualité de l’enseignement au sein de l’institution d’état officielle.

Donc moins l’état n’a à depenser pour un enseignement de qualité, plus il peut investir dans le capitalisme de connivence, de là à nommer cela du détournement d’argent public, il n’y a qu’un pas.

Et à la fin de l’envoi, je touche

La psychologie humaine, les comportements, les interractions sociales sont des sujets d’études millénaires. Ce qui est nouveau c’est l’amplification à échelle industrielle des techniques de persuasion, influence, endoctrinement, qui se sont vues envahir la vie de chacun de manière constante et jusque dans l’intimité la plus prodonde. L’outil technologique a permis cette révolution des paradigmes économiques intégrant alors dans la pratique une part majoritaire d’interventionnisme périphérique à l’acte d’achat pour dénaturer celui-ci.

De la sorte, le consommateur sort sans s’en rendre compte du champ de la consommation pour rentrer dans celui de la domination et du rapport de force.

Lorsque vous achetez une voiture, mais que tout votre environnement vous empêche de l’utiliser par manipulation de celui qui vous l’a vendu, vous vous êtes fait voler. Il n’y a plus d’échange symmétrique, mais un processus de captation de votre richesse (générallement le fruit de votre travail).

Par petite touche successive, par des glissements sémantiques d’apparance anodine, la nature même du rapport social d’achat-vente est dénaturé et laisse la voie grande ouverte aux abus des anti-services que peu de gens sont en mesure d’identifier.

Finie cette vieille maxime: “en avoir pour son argent” car c’est la destruction même de la notion de valeur dans l’esprit collectif qui est à l’oeuvre.

Voilà ce qu’est l’économie moderne, véritable complot contre le bon sens et contre la société, en s’attaquant aux mécanismes vitaux de l’interraction sociale.

On peut me répondre que les assurés peuvent mentir, et que cela peut faire préjudice à l’assureur. Et je ne peux que répondre oui. Mais fallait-il pour autant saper aussi gravement des fondements quasi anthropologiques pour se prémunir de quelques fraudeurs ? Cela n’est qu’un pretexte pour masquer la malhonnêteté et la cupidité. qui deviennent dés lors les nouveaux paradigmes des rapports marchands et donc des rapports sociaux par contagion.