La Stabulation Francaise
La Stabulation Française
Stabulation: procédé moderne de gestion du bétail d’élevage, visant à enfermer les bêtes dans un batiment optimisé pour l’exploitation et la production. Il s’agit de mettre en oeuvre des mesures, des moyens techniques et matériels de gestion de masse d’un troupeau afin par exemple d’obtenir une plus grande production de lait.
Historiquement, le bétail vivait souvent en petit nombre à proximité des humains, produisant la juste quantité de lait nécessaire au quotidien de leur propriétaire et leur famille.
La logique industrielle, comme partout ailleurs, s’est efforcée à un passage à l’échelle, conditionné non plus par la satisfaction impérieuse d’un petit besoin, mais d’une massification à outrance et une surconsommation reposant sur une production intensive.
Dés lors, Marguerite la vache familiale, devient une unité de production, assimilée à un troupeau beaucoup plus vaste, qu’il convient de “manager” non plus avec attention et amour, mais principalement comme un quantité négligeable d’une superstructure de production.
Plusieurs axes dés lors permettent l’augmentation de la production, tout en réduisant les coûts.
Premièrement, concentrer géographiquement le troupeau.
Fini, les alpages, les grandes prairies, les espaces de libertés où l’herbe est grasse et pousse abondement, où l’air est pur, où le soleil réchauffe et assainit.
Au contraire, la concentration du troupeau dans un endroit clos permet une gestion plus aisée du troupeau, plus besoin de courir partout, plus besoin de ramener les vaches à l’étable pour la traite. Les vaches deviennent ouvrières de leur propres traites puisqu’elles sont forcées de suivrent des parcours au sein de la stabulation, les conduisant inexorablement au robot extrayeur de lait. Même plus besoin de l’intervention humaine. Une beauté de progrés.
Deuxièment, la nature étant bien faite, l’hérédité transmet majoritairement les traits et caractéristiques des géniteurs. Par une sur-sélection opérée pendant des années, les gestionnaires ont fabriqué des vaches produisant beaucoup plus de lait (jusqu’à 80L/jour) qu’à l’état naturel.
Ces vaches meurent si le lait qu’elles produisent n’est pas extrait. Une abération de la nature. Normalement lorsqu’il n’y a plus de tétée par les petits, la lactation s’arrête. Là, elle se poursuit, posant un risque médical important si le lait n’est pas extrait rapidement.
Non content de modifier l’environnement à l’avantage de l’exploitant, il s’agit aussi de modifier la nature même de l’exploité pour le rendre encore plus exploitable.
Il y a donc un caractère exogène et un caractère endogène.
La synthèse de ces techniques dites modernes de gestion et de production s’appelle la stabulation. Endroit géographique où s’opère cette optimisation de la production, aussi bien de manière endogène qu’exogène.
Cette transformation de la vache familiale en une unité de production négligeable, requiert une profonde modification de son essence même. Marguerite n’est plus un être vivant, sensible et totalement intégrée au miracle de la création et à la beauté de la Nature.
La vérité intrinsèque de sa nature vivante est baffouée par le mensonge de sa réification. La vache devenue objet est négligeable, jettable, mesurable, stockable, recyclable. Considérée comme une unité de production de lait, elle fait l’attention des techniciens, pouvant soit la réparer, soit l’améliorer, soit la remiser au rebus et la recycler comme une vulgaire machine à laver en panne.
Le concept même de stabulation résulte d’une distortion totale de la pensée naturelle et intelligente.
Dans l’exemple des vaches, les troupeaux sont enfermés, sans lumière naturelle. Confinées, les infections et les contagions font beaucoup plus de victime. La nourriture, base de la production, est aussi soumise à cette logique. Ainsi l’herbe fraichement coupée est directement emballée dans des ballots plastifiés. De la sorte, l’humidité faisant son oeuvre, l’herbe pourrie et fermente dans ces ballots. C’est ainsi que le gestionaire nourrit ses unités de production. Provocant de nombreuses maladies, nécessitant des interventions vétérinaires conséquentes et des mesures de complémentation cette alimentation. But étant de maintenir la production à un niveau satisfaisant de rentabilité.
L’enfermement étant propice à la contagion, il est courant de devoir tuer une bonne partie du troupeau, qui sera recyclé dans la chaine alimentaire et servira de matière première à d’autres industries.
La qualité du lait ainsi produit, étant fortement dégradée, il sera nécessaire d’utiliser des produits chimiques pour l’enrichir. Le lait cru produit par la stabulation n’etant plus utilisable pour que l’activité naturelle des ferments et des enzymes puissent se faire, le fromage, par exemple, devient lui même le fruit d’une expérience permanente de chimie,
L’exemple de la stabulation laitière est l’illustration la plus parfaite de l’ignominie des méthodes de gestion quantitatives, poussant l’absurdité du reductionisme scientifique à son paroxysme.
Le réductionnisme scientifique ne peut être construit que sur un crime. Car il faut être criminel pour ôter à un être, sa caractéristique vivante et le réduire à la quantité de matière qui le compose, et aux métriques de coûts et de profits. Le gestionnaire de la stabulation est donc un criminel, et ses employés des complices.
Mon grand-père avait une blague à ce propos: “La femme est la meilleure usine au monde: on y rentre du matériel, il en sort des ouvriers” La stabulation est bien plus sordide, car elle n’a pas vocation de faire rire, mais de constituer l’environnement normatif de la vie de millions d’individus.
Remplaçons vache, par citoyen dans ce texte, et vous saisirez tout le sens de l’expression: “La stabulation française”.